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plaques de marbre multicolore, etc. ; le tout enveloppé de gros blocs de travertin ou de tuf, avec revêtement extérieur de briques, renforcé du sommet à la base par des recoupes successives (fig. 130), surtout du côté vers lequel l’ouvrage avait subi une inclinaison[1].

Il est facile de distinguer, dans la plaine de Roma-Vecchia, près de la Porta-Furba, d’après l’aspect de ces restaurations, les époques où elles furent opérées. Celles des Flaviens se reconnaissent à la perfection de l’appareillage et à l’élégance de la conception architectonique ; au contraire, les soutènements énormes qui contre-boutent les arcades sont les indices d’un temps où l’on ne se soucie plus de l’élégance. Encore maîtres du monde, les Romains semblent ne plus vouloir faire étalage que de leur force colossale, en entassant des cubes gigantesques de matériaux informes.

Restaurations aux aqueducs de Lyon. — Les restaurations paraissent avoir été beaucoup moins nombreuses et importantes aux aqueducs de Lyon, même toute proportion gardée. Aux trois premiers, qui sont constamment en sous-sol, ou à peu près, il est à la vérité difficile de distinguer les parties primitives des parties refaites. À l’aqueduc du Gier, au contraire, on peut estimer qu’à tous les ponts où l’appareil réticulé se mélange au petit appareil à joints horizontaux, ce dernier provient d’une restauration ; cette différence est très visible, en particulier au pont de Langonan, près de Saint-Chamond[2]. Il est plus difficile de dire si ceux qui, en petit nombre, ne laissent pas voir de réticulé, sont des ouvrages reconstruits ; mais la chose est possible. Quant aux contreforts et soutènements, en l’état où sont les ruines, on n’en voit plus aucun, à part les obturations d’ouvertures longitudinales aux ponts de Beaunant et du Garon. À ce dernier, Delorme[3] avait vu contre deux des piles « deux espèces de buttes en glacis, aussi hautes

  1. Les renforcements sont plus épais en général du côté Est de l’aqueduc, soit du côté gauche en regardant vers Rome. Cela prouverait que l’aqueduc penchait plutôt de ce côté, et en effet les amas de ruines rencontrés de distance en distance montrent que la chute s’est faite dans ce sens presque toujours. Cela tient-il à l’influence du vent, à la nature du terrain ?… Je ne puis le déterminer.
  2. V. ci-dessus, p. 100.
  3. Ouvr. cit., p. 50.