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avec d’importants agrandissements peu après l’incendie, puis interrompue par les troubles de la fin du règne de Néron et des règnes éphémères qui ont suivi, reprise mollement sous les premiers Flaviens, s’est poursuivie avec plus de vigueur sous Domitien, pour s’achever avec magnificence sous les premiers Antonins. Sous le nom de forum, il ne faut pas, en effet, entendre une esplanade vide, mais tous les monuments que supportait cette place et qui l’environnaient. Ce devait être un splendide assemblage de portiques, de colonnes isolées, de temples, d’édifices grandioses de toute sorte, qui n’avaient pu se bâtir en un jour.

Telle fut, jusqu’à la fin du second siècle, la ville de Lyon, se déployant, animée et opulente, au pied de cet imposant forum, admirée des nations, célèbre dans le monde entier. Mais cette gloire allait bientôt s’obscurcir et cette fortune s’affaisser.

Phases successives du déclin. — La première atteinte y fut portée sous le règne de Septime-Sévère. Sévère avait été gouverneur de la province sous Commode, et son administration avait été juste et sage. Pourtant, quelques années après son avènement à l’empire, Lyon se déclarait ouvertement pour son rival, Albin. Celui-ci, qui avait été adopté et associé à l’empire par Sévère lui-même, mais qui supportait impatiemment de n’occuper que la seconde place, avait quitté la Bretagne, où il commandait les armées, pour s’installer à Lyon et s’y faire proclamer Auguste. Sévère vint l’y surprendre, et le vainquit dans une formidable bataille engagée, croit-on, non loin de la ville, et à la suite de laquelle, Albin, en déroute, se suicida. Mise au pillage, incendiée, dévastée par les troupes victorieuses, la grande cité avait encore trop de vitalité, et de force pour en être entièrement abattue. Elle se releva, son industrie prospéra de nouveau[1], des immigrations la repeuplèrent, ses spectacles continuèrent d’attirer une foule nombreuse[2]. Septime-Sévère ne continua pas à lui faire sentir les effets de sa rigueur. Caracalla, qui y était né, n’eut même pour elle que de la bienveillance. Mais son prestige avait reçu un coup fatal. L’esprit d’initiative,

  1. Sur l’extension des établissements industriels à cette époque. (V. Steyert, p. 435.)
  2. Les citoyens, isolés ou en corporation, contribuent de leurs deniers à agrandir ou à restaurer les arènes de spectacles. C’est ainsi que la corporation des centonaires rétablit au cirque, à ses frais, cinq cents places, supprimées ou endommagées (V. de Boissieu, p. 466).