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civilisation. Le règne de Gondebaud fut même pour Lyon une époque de prospérité relative. Ce roi s’efforça d’acquérir la culture romaine, entretint, un rhéteur à sa cour, rechercha les dignités patriciennes et, désirant avoir en quelque sorte l’investiture, fit figurer sur ses monnaies l’effigie de l’empereur. Il entreprit de nombreuses constructions, églises, édifices divers, travaux d’intérêt public. Faut-il lui attribuer, comme le veut M. Steyert, l’aqueduc de Miribel ? Il en sera dit quelques mots plus loin.

Les Sarrasins. Destruction des aqueducs. — Après Gondebaud, le royaume burgonde disparait, à la suite de la guerre entre les fils de ce roi et les fils de Clovis. Ceux-ci, vainqueurs, se partagent les états des vaincus, et Lyon échoit au roi de Paris, Childebert. Ici commence, pour l’histoire de Lyon, une période fort obscure, qui se termine par un événement considérable, mais sur lequel les documents sont encore plus vagues que sur les faits précédents. Il s’agit de l’invasion sarrasine. Pendant sept ou huit ans à peu près, de 725 à 732, date de leur écrasement par Charles-Martel, les Sarrasins, venus de Narbonne, et ayant remonté la vallée du Rhône, furent les maîtres absolus du pays, depuis la Méditerranée jusqu’à Autun. Il faut que leur passage se soit signalé par je ne sais quoi de sinistre, de farouche et d’étrange pour que leur nom, transmis dans les campagnes de génération en génération, soit resté si profondément gravé dans la mémoire du peuple. Il ne faut pas hésiter à leur attribuer, dans notre région du moins, la plus grande part aux ruines qui amenèrent une si longue époque de désolation et de misère. Comme ceux de Nîmes et de Fréjus, les aqueducs de Lyon périrent par eux. Et par une bizarre et inconsciente ironie, c’est leur nom que le paysan donne partout chez nous aux vestiges de ces grands travaux exécutés par les Romains. Le canal des Sarrasins, le pont des Sarrasins, la Sarrasinière, voilà les termes qu’il faut employer pour se faire comprendre quand on veut avoir, dans la campagne, une indication sur les traces qui, çà et là, subsistent encore. Le bienfaiteur édifie, le bandit renverse : c’est le nom du bandit qui reste populaire.