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qui descend en droite ligne en laissant Montferrat un peu à droite. Il paraît qu’un peu plus bas, et immédiatement au-dessus de ce hameau, près de la ferme Ponchon, cette voûte était restée longtemps ouverte ; l’endroit défoncé s’appelait, dans le pays, La Sarrasinière, ou trou du Sarrasin[1] ; les petits bergers s’y glissaient en rampant ; on a fini par le boucher, car c’était devenu un nid de serpents et un repaire de fouines et de renards.

L’existence des deux puits mentionnés ci-dessus et de l’aqueduc à la suite, ainsi que la configuration du plateau, peuvent faire à bon droit supposer —- ce que des fouilles bien conduites pourraient établir plus sûrement encore — qu’il y avait là un bassin où se réunissaient les eaux captées de divers côtés ; de là, elles s’engageaient dans cet aqueduc à pente rapide qui les entraînait vers Grézieu.

Cette hypothèse se confirme par l’existence de plusieurs conduites secondaires, dont on retrouve des vestiges çà et là le long des flancs de la montagne, et qui semblent toutes converger vers ce plateau. M. Raymond, ancien maire de Grézieu-la-Varenne, qui a bien voulu me guider le long des pentes et à travers les sinuosités de ces versants[2], m’a indiqué la situation des points où l’on avait constaté ces vestiges. Par la position de ces divers points, on peut reconstituer le parcours d’une branche d’aqueduc contournant la partie supérieure de la vallée du Bouillon, traversant la route de La Luère, suivant, le flanc nord de la montagne de Saint-Bonnet, passant au-dessus des lieux dits La Charbonnière et Le Grand-Tournant, pour arriver à la vigne Nicolas, à la ferme Bador, à 300 mètres environ du plateau, et enfin au bassin que nous y supposons.

Quantité de sources jaillissent sur ces hauteurs. Elles ont été captées autrefois. Un plan de l’an 1599[3], retrouvé par M.Guigue, l’éminent archiviste de la ville de Lyon, en indique deux, La Font-

  1. V. ci-dessus, p. 39.
  2. M. Raymond avait déjà guidé, il y a des années, pour des recherches semblables, un archéologue lyonnais, le baron Raverat, auteur d’un opuscule intitulé : Le nouveau pont d’Alaï et le tourillon de Craponne (Lyon, 1887).
  3. Ce plan porte le nom de « Carte ou plan figuré des châteaux de Grézieu-la-Varenne, Pollionnay, Iseron et Fauthéon, ensemble des paroisses de Craponne, Vaux, Sainte-Consorce, hameaux et massages dépendant desdites juridictions, des chemins, ruisseaux, croix, fontaines et autres appartenances et dépendances desdits lieux ». Il avait été dressé à l’occasion d’un procès pendant entre le chapitre de Saint-Jean et celui de Saint-Just, au sujet de la délimitation de leurs domaines.