Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il faudroit pourtant que ces deux pays fussent bien changés, depuis deux ans que je les ai perdus de vue, pour qu’un ne leur fît pas entendre raison, ou qu’on ne les mît pas à la raison.

Dès que Votre Majesté Impériale conserve les trois corps qui composent les États, et les choses essentielles de la constitution, il n’y aura que les intrigans et les faux patriotes qui, pour des raisons d’intérêt particulier, voudront faire du train. C’étoit cette assurance que j’avois prié Votre Majesté de faire donner aux États ; et je crois qu’à ces conditions j’aurois tout pacifié dans huit jours. Un peu de vigueur de la part du gouvernement, à présent, dispensera de la rigueur.

Si j’y étois, je parlerois en patriote, mot honorable qui commence à devenir odieux ; en citoyen, autre mot défiguré ; et si je ne réussissois pas, je parlerois et j’agirois en général autrichien, en faisant enfermer un archevêque, un évêque, un gros abbé-moine, un professeur, un brasseur et un avocat.

Quant à la France, Votre Majesté qui a tant de mémoire se souviendra qu’elle m’a dit, dans mon gouvernement, à une promenade que je lui faisois faire dans les fortifications, qu’elle ne connoissoit qu’un médecin pour sauver ce royaume, M. Necker.