Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/131

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Au mois d’août 1788.

Au Camp sous Oczakow.


JE crois qu’on a commencé le siége d’Oczakow, ou du moins qu’on se l’imagine. On vient de faire quatre mauvaises redoutes à sept cents toises du retranchement, et à neuf cents de la place. L’ennemi n’a pas daigné tirer sur les ouvriers, quoiqu’on ait choisi pour travailler les deux nuits les plus claires, et la plus belle lune. On dit qu’on va construire deux nouvelles redoutes à deux cents toises de celle-ci, et de là une communication à une batterie en brèche de vingt pièces de canon : tout cela d’après deux ou trois projets de quelques subalternes qui n’ont rien vu, et qui ne sont ni du génie, ni de l’artillerie. Le prince, pour n’avoir pas l’air de suivre des conseils, mêle tout cela ensemble, donne des ordres et des contre-ordres, et perd du tems et du monde.

Le 29, les Turcs, au nombre de quarante tout au plus, longeant la mer et grimpant sur l’escarpement, s’avancèrent pour tirer des coups de fusil sur la batterie où le prince d’Anhalt venoit de relever le général Chotousoff, le même qui, dans la dernière guerre,