Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/163

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vaisseaux dans un jour, n’a servi qu’à me faire perdre un procès en France : M. de Vergennes y a mis de la malice. Et ce que j’ai écrit sur la Prusse m’empêchera de réussir dans une affaire que me donne ma petite souveraineté dans le cercle de Westphalie, dont le Roi est directeur.

Je voudrois, Prince, que notre devise fût tonner et étonner, vis-à-vis des Turcs et des Chrétiens, surtout si d’ici à quelque tems nous nous brouillons avec cette nouvelle France. Il n’y a rien de pis que ces courriers, ces armistices, ces indécisions, enfin, qui ne sont ni la paix, ni la guerre.

L’armée autrichienne doit être invincible. Si c’est un inconvénient de n’être pas tous de la même nation, il en résulte un avantage, c’est l’émulation qui règne entre les Hongrois, les Polonois, les Bohèmes, les Tyroliens, les Allemands, les Wallons et les Italiens. J’ai été, à mon attaque de Belgrade, très-content de ceux-ci, dont on n’a pas toujours su tirer parti. Je leur ai donné entr’autres trois médailles d’or, d’après la belle nouvelle institution de notre Empereur. Les Croates, gardes perpétuels de nos camps, sont excellens. Quinze mille déserteurs françois se battent à merveille dans nos rangs.