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Ce 1 septembre 1788.

Au Camp devant Oczakow.


APRÈS avoir beaucoup refléchi sur la manière de conserver l’offensive et la défensive à la fois, vis-à-vis des Turcs, il me semble que je viens d’en trouver le moyen, en évitant les reproches qu’on me fait pour mon goût des masses, que je n’ai, au reste, que proportionnément à mon antipathie pour les carrés.

Leur angle mort, défectueux comme capitale d’un bastion, l’impossibilité de marcher en conservant ces angles, et de ne pas avoir un carré déjeté par conséquent, et ouvert en quelqu’endroit ; l’impossibilité que ce carré puisse passer partout, et que les deux flancs marchent d’un pas égal ; le vide qui s’y trouve, malgré les chevaux, les chariots, les valets, les officiers d’état-major, les généraux qui ne peuvent qu’augmenter encore la confusion ; le peu de profondeur des trois rangs, si aisés à percer par des Spahis que quelques gouttes d’opium et l’ardeur des chevaux suffisent pour emporter : tout cela suffit pour me faire prendre les carrés en guignon.[1]

  1. Il y avoit ici des plans et des détails militaires