Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/209

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avoir que deux motifs : les réjouissances après la victoire, ou la volupté dans des tems plus tranquilles. On est paisible à Jassy, malgré les alarmes de la guerre dont cette ville est toujours le théâtre dès que l’étendart de Mahomet se déploie aux yeux du peuple ottoman.

On se tient par la main, pour ne plus se quitter ; on fait quelques pas en rond, mais beaucoup l’un vis-à-vis de l’autre. On se fait des mines, on se sépare presque, on se retient, on s’approche, je ne sais comment ; on se regarde, on s’entend, on se devine, on a l’air de s’aimer… Cette danse-là me paroît fort raisonnable.

Pour moi je me suis amusé à merveille, à rester sans rien dire à côté de quelques Boyardes. Après quelques tasses de confiture, quelques potions et libations de rose, et six pipes, pour le moins, je m’aperçois que j’étois tout seul.

Rien ne ressemble à la situation de ces gens-ci. Soupçonnés par les Russes d’avoir de la préférence pour les Autrichiens, suspects à ceux-ci qui les croient attachés aux Turcs, ils désirent autant le départ des uns qu’ils craignent le retour des autres. O vous, arbitres des destins des pauvres mortels, à qui vous avez souvent mis les armes à la main, réparez les maux