Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/25

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faiseurs, qu’ils veulent chanter sans savoir la musique. — Oh ! cela est bien vrai ; mais qu’on leur laisse leurs sons naturels ; qu’on profite de leur valeur, de leur légèreté et de leurs défauts même : je crois que leur confusion en pourroit mettre dans l’ennemi. — Mais, oui, sans doute, et qu’on les fasse soutenir. — Je le crois, Sire, par les Suisses et les Allemands. — C’est une brave, et aimable nation que ces François ; il est impossible de ne pas les aimer y mais, mon Dieu, qu’ont-ils fait de leurs gens de lettres ? et quelle différence de ton parmi eux ? Voltaire en avoit un excellent, par exemple : d’Alembert, que j’estime à bien des égards, fait trop de bruit, et veut faire trop d’effet dans la société ; étoit-ce les gens de lettres qui donnoient de la grâce à la cour de Louis XIV ou la recevoient-ils de tant de gens aimables qui la composoient ? C’étoit le patriarche des Rois, celui-là. On en a dit quelquefois un peu trop de bien pendant sa vie, mais beaucoup trop de mal après sa mort. — Un roi de France, Sire, est toujours le Patriarche des gens d’esprit. — Voilà le plus mauvais lot ; ils ne valent pas le diable à gouverner. Il vaut mieux être Patriarche des Grecs, comme ma sœur l’Impératrice