Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/266

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que je ne l’ai jamais flattée. Ce que j’ai dit ou écrit à V. M. I., sur ce que j’ai vu en elle d’enchanteur et de bon, étoit vrai : donc ce n’étoit pas flatterie ; et je m’en serois peut-être encore abstenu, si vous n’étiez pas, Madame, une Impératrice. Je n’aurois pas dit tout cela à un Empereur. Mais les vérités à une femme ont toujours l’air de la galanterie, et l’on peut sans bassesse louer un tel souverain.

Ce mot m’est échappé : pardonnez ma franchise.
Dans ce sexe, après tout, vous n’êtes pas comprise.
L’auguste Élisabeth n’en a que les appas.
Le Ciel qui vous forma pour régir des états ;
Apprend à gouverner à tous tant que nous sommes :
Et l’Europe vous compte au rang des plus grands hommes.

V. M. I. a-t-elle l’esprit de comprendre que sans le despotisme du vers, j’aurois mis son nom à la place de celui d’Élisabeth, et s’est-elle défendue, en lisant ceci, de penser que cela lui alloit beaucoup mieux qu’à la reine d’Angleterre ? Je parie qu’elle a repoussé cette idée par modestie, mais que cependant elle lui est venue dans la tête. Cela est impossible autrement ; je trouve même que la modestie n’est souvent qu’une hypocrite qu’on emploie pour s’attraper soi-même. La modestie est la