Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/272

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jolies femmes qui sont ses adjudans, est suivi des acclamations des gens légers, et des bénédictions des gens qui pensent. V. M. auroit cinquante mille hommes et cinq millions de plus si elle étoit un homme. En vérité ce n’est pas la peine de changer de sexe. Elle a assez de sujets et de roubles : et c’est d’un des kiosques de son jardin qu’elle a augmenté les uns et les autres, tandis que de sa tente elle les auroit diminués.

Quelle différence de votre regard plein d’aménité et de bienfaisance, au regard farouche que vous auriez contracté en passant en revue vos 4 ou 500,000 soldats !

Si par hasard, entraînés par l’enthousiasme, nous nous égarons au point d’en dire plus qu’il n’en faut sur votre enchanteresse et auguste personne, vous vous faites votre part à vous-même, et sans vous enivrer, vous mettez sur le compte de la galanterie ce qu’un Souverain homme attribueroit à la flatterie des courtisans.

Une Souveraine accoutumée à voir tous les hommes à ses pieds, comme reine et comme femme, est moins sujette à l’humeur. Aurois-je pu témoigner à Frédéric, Pierre, Charles, Louis, mon indignation, comme je le fis l’autre jour devant V. M., lorsqu’elle me dit