Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/299

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il aura l’air de croire qu’on emploie ce mauvais genre contre lui. Il y a beaucoup de choses qu’il faut déjouer en ne les remarquant pas.

M. de Turenne se doutoit bien que la gazette diroit plus que lui de la bataille des Dunes, ïorsqu’il écrivoit : « Les ennemis sont venus à nous, ils ont été battus ; je suis un peu fatigué, je vous donne le bon soir. » Il est très-aisé d’être modeste comme cela.

On ne m’a jamais prêté de méchanceté, ni en paroles, ni en chansons, ni en actions ; on a su que je n’en étois pas capable ; ainsi je n’ai pas lieu de me plaindre de l’injustice du public à mon égard. Mais en revanche on a mis sur mon compte mille choses assez plates, cinquante aventures, une centaine de prétendus bons mots, des reparties qui devoient être piquantes, des mauvaises plaisanteries que je dois avoir faites ou dites ; et il n’y a pas un mot de vrai à tout cela. Des gens de bonne intention, mais de mauvais goût, racontent une histoire dont je suis le héros ou l’auteur, en me demandant si je m’en souviens. Je suis trop paresseux, et j’ai trop de bonhomie pour la dire comme elle