Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/303

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c’est sur sa vertu qu’u compliment lui fait le moins de plaisir. Quand on la loue sur sa fidélité à son mari, elle est toujours prête à vous dire : quelle preuve en avez-vous ? et auroit envie de laisser échapper une demi-confidence pour en faire douter, quoique véritablement elle n’ait point de reproches à se faire.

Il y avoit deux gens d’esprit, quatre ou cinq sots, six importuns et trois importans dans ma chambre. Je ne pouvois pas m’entretenir avec les premiers ; les seconds parloient toujours, les troisièmes s’obstinoient à croire que j’avois du crédit, et me parloient de leurs affaires ; les quatrièmes vouloient me faire croire qu’ils en avoient, et que je devois mettre mes affaires entre leurs mains.

On ne dit rien de neuf. On ne pense rien de neuf. Les mêmes conversations reviennent toujours. On sait déjà ce qu’on va répondre. Je me déplais à moi-même, en voyant le petit cercle de pensées dans lequel je tourne. C’est de quoi se prendre en guignon, et je conçois qu’on peut former la résolution de ne plus proférer une parole.