Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/351

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Il étoit mécontent alors du parlement : et quand il rencontroit son âne à la porte du jardin : passez, Je vous prie, Monsieur le Président, disoit-il. Ses méprises par vivacité étoient fréquentes et plaisantes. Il prit un accordeur de clavecin de sa nièce, pour son cordonnier, et après quantité de méprises, lorsque cela s’éclaircit : Ah ! mon Dieu, Monsieur, un homme à talens. Je vous mettois à mes pieds, c’est moi qui suis aux vôtres.

Un marchand de chapeaux et de souliers gris entre tout d’un coup dans le sallon ; M. de Voltaire (qui se méfioit tant des visites, qu’il m’avoua que, de peur que la mienne ne fût ennuyeuse, il avoit pris médecine à tout hasard, afin de pouvoir se dire malade) se sauve dans son cabinet. Ce marchand le suivoit, en lui disant : — Monsieur, Monsieur, je suis le fils d’une femme pour qui vous avez fait des vers. Oh ! je le crois, j’ai tant fait de vers pour tant de femmes ! Bonjour, Monsieur. — C’est M.me de Fontaine Martel. — Ah ! ah ! Monsieur, elle étoit bien belle. Je suis votre serviteur. (et il étoit prêt à rentrer dans son cabinet.) — Monsieur, où avez-vous pris ce bon goût qu’on remarque dans ce sallon ? votre château, par exemple, est charmant. Est-il bien de vous ? (alors Voltaire revint.) Oh ! oui, de moi, Mon-