Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/43

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cela faisoit sur moi ; et, remarquant quelques larmes qui s’échappèrent de mes yeux, il changea par les transitions les plus douces de conversation, me parla de guerre, et puis du Maréchal de Lacy. Il me demanda de ses nouvelles et me dit : C'est un homme du plus grand mérite. Mercy, chez vous, autrefois ; Puysegur, chez les François, avoient quelques idées des marches et des campemens ; on voit par la castramélation d’Hygin, que les Grecs s’en étoient aussi fort occupés ; mais votre Maréchal surpasse les anciens, les modernes et tous les plus fameux qui s’en mêlèrent. Aussi, tout le tems qu’il a été votre quartier-maitre-général, si vous voulez me permettre de vous en faire faire la remarque, je n’ai pas eu le plus petit avantage. Rappelez-vous les deux campagnes de 1758 et 1759 : tout vous a réussi. Ne serai-je donc jamais débarrassé de cet homme-là, me disois-je souvent ? il fallut pourtant le récompenser : il le fut, on le fait Feldzeugmeister ; on lui donne un corps trop fort pour me harceler, trop foible pour me résister. Il se tire, malgré cela, de mes mains, et de tous les obstacles possibles, par la savante campagne de 1760. Un autre le remplaça. Cela n’est peut-être pas mauvais pour moi, dis-je