Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/64

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jouent la même note ; et ce concert est une musique céleste, car elle est trop extraordinaire pour être connue sur la terre. J’ai oublié de vous dire que le roi de Pologne nous a attendu à Kanieve sur le Boristhène ; il y a dépensé trois mois et trois millions pour voir l’Impératrice pendant trois heures. J’allai dans une petite pirogue Zaporavienne l’avertir de notre arrivée. Une heure après, les grands seigneurs de l’Empire vinrent le chercher dans une brillante chaloupe, et en y mettant le pied, il leur dit, avec le charme inexprimable de sa belle figure et de son joli son de voix : — Messieurs, le roi de Pologne m’a chargé de vous recommander le comte Poniatowsky. — Le dîner fut très-gai ; on but à la santé du Roi, à une triple décharge de toute l’artillerie de notre flotte. En sortant de table, le Roi chercha son chapeau qu’il ne put pas trouver. L’Impératrice, plus adroite, vit où il étoit, et le lui donna. — Deux fois couvrir ma tête, dit le Roi galamment, en faisant allusion à sa couronne ! Ah ! Madame, c’est trop me combler de bienfaits et de reconnoissance. — Notre escadre s’etoit formée devant les fenêtres an Roi, qui s’en retourna pour nous donner à souper. Une représentation du Vésuve, pendant toute la nuit que nous passâmes à l’ancre,