Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/85

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j’ai plus de droit à croire que c’est ici qu’à Carantschebes, ainsi que le prétendent les Transilvains.

Leur titre à cette prétention c’est : Cara niia sedes, dont ils s’imaginent que la prononciation corrompue a fait le nom que je viens de citer. Oui, c’est Parthenizza, dont l’accent Tartare a changé le nom Grec, qui étoit Parthenion, et vouloit dire vierge ; c’est ce fameux cap Parthenion où il s’est passé tant de choses : c’est ici que la mythologie exaltoit l’imagination. Tous les talens au service des Dieux de la fable exerçoient ici leur empire, Veux-je un instant quitter la fable pour l’histoire ? je découvre Eupatori, fondée par Mithridate : je ramasse ici près, dans ce vieux Cherson, des débris de colonnes d’albâtre ; je rencontre des restes d’aqueducs et des murs qui me présentent une enceinte aussi grande à la fois que Londres et Paris. Ces deux villes passeront comme celle-là. Il y avoit les mêmes intrigues d’amour et de politique ; chacun croyoit y faire une grande sensation dans le nom ; et le nom même des pays, défigure par celui de Tartarie et de Crimée, est tombé dans l’oubli : belle réflexion pour Messieurs les importans ! Et en me retournant j’approuve la paresse de mes bons musulmans, assis,