fond sa matière, il s’en acquitta parfaitement bien. Il
passa en revue tous les bougres célèbres, depuis Adam
jusqu’aux Jésuites. Il y trouva des philosophes, des
papes, des empereurs, des cardinaux. Il fit l’éloge de
chacun en particulier et tombant ensuite sur l’injustice
et l’aveuglement de ceux qui s’élèvent contre un plaisir
adopté, pratiqué par les plus grands hommes, par les
plus grands génies, il remonta à l’aventure de Sodome.
Il soutint qu’on avait falsifié, par jalousie, ce mémorable
événement, et cédant tout à coup à son enthousiasme,
il finit son éloge par ces vers :
Taisez-vous, censeurs indociles.
Étourdissez les sots de vos voix imbéciles,
Mais n’allez pas fouiller dans l’histoire des temps.
Vous osez, ignorants reptiles,
Des écrivains les plus habiles
Altérer les beautés et corrompre les sens.
Sodome, ce n’est point par un souffle funeste
Que furent consumés tes heureux habitants ;
C’est par un feu divin, c’est par un feu céleste :
Sodome, que n’étais-je alors de tes enfants !
Le discours du Père reçut les applaudissements qu’il méritait et qu’il était sûr de recevoir des assistants, en traitant un sujet qui leur était si agréable. On foutit encore, tant en cul qu’en con ; on but, on rit, et l’on se sépara, avec promesse de se retrouver à la huitaine, car ces banquets ne se faisaient pas tous les jours : les revenus du Père Casimir, qui régalait ordinairement, n’y auraient pas suffi. Nous nous séparâmes les meilleurs amis du monde, Marianne et moi. La pauvre enfant ne tarda guère à s’apercevoir qu’il était dangereux de jouer avec moi ; sa ceinture devint bientôt trop courte : on m’en donna la gloire. Le Père Casimir prit