Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/102

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cuivre, des chiques de bétel ou des gâteaux épicés. Enfin, quand le jour va paraître et quand le malade n’en peut plus, chacun rentre chez soi.

A l’époque des fêtes les tam-tams sont très fréquents ; il y en a d’ailleurs toute l’année dès qu’il se trouve une personne assez généreuse pour payer les musiciens et régaler les danseurs. Ceux-ci se forment sur deux files, serrés les uns contre les autres et emboîtent le pas ; ils font de contorsions à droite et à gauche, tous en même temps, tournent sur eux-mêmes, gesticulent avec des sabres, des fourreaux, des bâtons, ou simplement avec les bras ; les deux rangs se rapprochent, s’éloignent alternativement et parcourent lentement les rues les plus larges du village. Les hommes vont les premiers, les femmes suivent, frappant des baguettes et faisant entendre un sifflement strident et prolongé ; ce sont surtout les femmes de service ou d’un rang inférieur, car les femmes d’un certain rang ne paraissent pas dans les processions. Tout cela marche en cadence, se balançant à droite et à gauche avec la lus grande gravité ; quelques voix chantent les couplets, tous répondent le refrain avec assez d’harmonie ; le chant est, du reste, presque couvert par un tapage assourdissant de tambours, de cornemuses, de clarinettes, de plateaux de cuivre, de cornes, de conques, de crécelles, etc., etc.

Dans chaque fête un peu brillante, les commissaires se tiennent hors des rangs avec une palme et un aspersoir, en argent ou en cuivre, avec lequel ils arrosent d’eau de rose les curieux et les passants. Entre les rangs, après l’orchestre, la personne qui donne le tam-tam marche gravement avec ses intimes, entourée