Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/184

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inouie chez les femmes arabes qui sont ordinairement très réservées ; mais j’en eus l’explication. Mme de F., très élégante, portait une robe à longue queue et la plus majestueuse crinoline qu’eût jamais vue la ville de M’Samoudou ; habituées à accuser très strictement les formes que la nature leur a accordées, et ignorant le secret de la crinoline, les Anjouanaises n’en pouvaient croire leurs yeux. Nous respectâmes leur illusion et les laissâmes bien persuadées que les dames françaises avaient été traitées par la nature beaucoup plus avantageusement que les autres. Si la ville est silencieuse pendant le jour, elle se dédommage la nuit. Dès que le soleil est couché et que la prière du soir est terminée, les tambours retentissent de tous côtés ; les danses commencent aux portes de la ville et se prolongent fort avant dans la nuit, surtout à l’époque du Rhamadan. Domoni, l’autre ville, résidence ordinaire des sultans pendant les deux derniers siècles, est située sur la côte orientale ; on la dit aussi grande et aussi peuplée que M’Samoudou ; mais moins curieuse. Outre ces deux villes, Anjouan compte environ quatre vingt bourgs ou villages, dont les cases sont bâties sous des cocotiers. L’organisation politique d’Anjouan est essentiellement aristocratique. La royauté est héréditaire en principe, mais l’héritier du sultan décédé n’est investi de l’autorité royale qu’après avoir été reconnu et proclamé par les nobles, assemblés en Kabar. Ces nobles sont également réunis et consultés toutes les fois qu’il s’agit, pour le gouvernement, de prendre une détermination importante. Au-dessous des nobles Arabes