Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/220

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favorables à la Minerve et lui permirent de les joindre à portée de canon à trois heures. Aussitôt mon signal d’attaquer, cette frégate prolongea noblement leur ligne au vent, les combattit à portée de pistolet, en les doublant par la tête pour les faire plier, les replongea sous le vent, et vint couper le serre-file et le combattre de nouveau. Cette manœuvre brillante allait être couronnée du succès, lorsque la frégate perdit à la fois son grand mât de hune et son mât de perroquet de fougue. J’avais alors heureusement gagné les eaux de l’ennemi, et je portais dessus sous toutes voiles. Le succès inattendu qu’il venait d’obtenir parut l’encourager ; il rétablit son ordre. Je fis le signal que j’allais engager une affaire décisive. A cinq heures et demie, je prolongeai sous le vent sa ligne serrée, beaupré sur poupe ; je vins prendre poste par le travers du vaisseau du centre, portant la marque du commandant, en position de diriger pareillement mon feu sur tous trois, et à six heures, j’engageai à petite portée de pistolet. Le feu de l’ennemi fut d’abord bien servi ; sa mousqueterie était vive. A sept heures, le vaisseau de la tête se laissa culer pour prendre le travers de son serre-file et par conséquent son abri ; celui-ci exposé par cette manœuvre à presque tout mon feu, s’empressa de me héler qu’il amenait. Je voulus de suite en prendre possession ; je fis mettre un canot à la mer, mais il coula. Pendant ce mouvement, le vaisseau de tête laissait arriver pour me passer à poupe ; je le suivis et le retrouvai sur l’autre bord, à portée de pistolet ; je l’engageai sérieusement, et, à