Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/234

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ni de volailles dans l’île ; à peine rencontrent-on quelques rares bœufs et quelques cabris ou quelques poules ; les cultures avaient été abandonnées, on ne vivait plus que de patates, de poissons et de bananes. Toute la population était dans la plus affreuse misère. Des rades magnifiques, une nature superbe, un sol abondamment arrosé, d’une fertilité prodigieuse dans les vallées et les endroits où il avait été jadis défriché, mais tellement insalubre qu’il était mortel et absolument inhabitable pour les Européens ; quelques belles forêts, des cocotiers, des manguiers et des bananiers en quantité innombrable, d’excellents pâturages ; pas la moindre route, pas de centre de commerce et d’approvisionnement ; une population misérable, fanatique et farouche ou complètement sauvage, s’enfuyant à l’aspect des Européens et ne pouvant, à cause de sa paresse et de ses antipathies, être d’aucune utilité ; voilà ce qu’ont trouvé les premiers Français, militaires et colons, qui ont accompagné notre drapeau à Mayotte. C’est dans ce milieu, au prix de mille souffrances, de difficultés et de privations de toutes sortes, et le plus souvent de leur vie, qu’ils ont commencé la colonisation de cette île. En acquérant l’île de Mayotte, le gouvernement français avait en vue d’atténuer, autant que possible, la perte irréparable de l’Île-de-France, autrefois le seul port, au-delà du cap de Bonne-Espérance, où nos navires de guerre et de commerce puissent se réfugier, se réparer et se ravitailler. Mayotte devait nous rendre ces avantages et nous assurer