Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’Inde d’Hérodote ; mais ce qui est fort curieux et bien trouvé, si ce n’est pas vrai, c’est qu’Iambulus ait observé l’absence de serpents venimeux, fait exactement vrai pour Madagascar et les Comores, et surtout, l’usage de l’écriture chinoise ou malaise, c’est-à-dire l’écriture des ancêtres des Hovas.

Je m’empresse d’ajouter que ce Iambulus était un conteur bien connu des Grecs, dont Lucien se moque dans son Histoire vraie. Son récit n’est qu’un roman ; mais comme il avait effectivement voyagé dans la mer des Indes, on peut croire qu’il avait recueilli les éléments de son conte dans les récits des marchands qui parcouraient les côtes de cette mer, et qu’au fond, son roman renferme quelques vérités. Ce n’est donc qu’à titre de notion vague d’îles peuplées, à une grande distance et au sud de la côte éthiopienne, que je mentionne son récit. Tous les anciens géographes, Eratosthènes, Hipparque, Strabon, Ptolémée, ont placé l’île Taprobane (Ceylan) bien à l’ouest du cap des Coliaques (Comorin), tandis qu’en réalité elle est à l’est de ce cap. Une conséquence de cette erreur a été le déplacement analogue de la presqu’île de Malaca et, par suite, de Sumatra qui s’est trouvée rejetée près de Madagascar. La connaissance incomplète de ces deux grandes îles les a fait prendre par Hipparque et Ptolémée pour un même continent, embrassant la mer Erythrée depuis le promontoire Prasum, en Afrique, jusqu’à Catigara dans l’Inde. Et pourtant, deux cent vingt ans avant notre ère, Eratosthènes avait affirmé qu’à part l’isthme égyptien, l’Afrique était complètement entourée par la