Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/304

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les sens sont émoussés ; certaines facultés diminuent d’une manière déplorable, la mémoire surtout ; on vit dans une sorte de torpeur ; les fonctions de la vie de relation sont embarrassées de la même manière que celles de la vie organique ; le mouvement vital est constamment attaqué dans sa source. On doit croire sans peine que lorsque cet état a duré plusieurs années, le petit nombre de ceux qui ont résisté exceptionnellement ne doit pas offrir de fameuses garanties pour les années suivantes. Un seul parti reste à prendre : la fuite ; encore ne faut-il pas trop attendre, car les remèdes échoueraient contre une constitution ruinée, des viscères atones, des muscles inertes et une innervation ayant perdu son rythme physiologique. » Voilà la vérité sur Mayotte. Est-ce à dire qu’aucun Européen ne puisse y rester ? Non ; il est possible d’y passer quelques années en s’entourant de certaines précautions ; par exemple arriver en mai ou juin ; loger dans une case isolée du sol par une charpente ou un massif de pierres sèches, sur un coteau sec et élevé au-dessus des brouillards des marais et non sur les alluvions insalubres du fond des vallées, comme la plupart des colons ; s’abstenir de toutes sortes d’excès ; se procurer une nourriture saine et substantielle ; se préserver, autant que possible du soleil, de la pluie et des miasmes condensés des marais pendant la nuit. Avec ces précautions un Européen pourra, sans grand danger, passer à Mayotte trois ans si son tempérament est bilieux, six ans