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LA SOIF



  Sous la tente — ô ma bien-aimée — ce soir je t’attends.
  Kérim ! Prends mon étendard et dresse-le en bannière
d’allégresse au plus haut de ma tente.
  Combien de lunes se sont-elles inscrites au firmament
depuis que je suis altéré de toi — ô ma bien-aimée —
car le sang répandu de mes ennemis n’a pas étanché
la soif de mon cœur.
  Le crépuscule guette déjà le jour expirant. Le soleil
lance déjà son adieu royal dans une chevauchée flamboyante
de nuages. Les voiles du soir s’étendent un à un
sur la journée lassée ; ils enclosent de ténèbres les
bouches convulsées des mourants et recueillent dans leurs
plis silencieux le dernier cri de rage des vaincus.
  Kérim ! Au sommet de la dune surgit la caravane,
gardienne de mon trésor vivant !