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LÉGENDE D’AMES ET DE SANGS

Alexis, — vous nommez-vous : les poètes de la Vie !

Tous, ils nous donnent le roman d’une vie, ou d’une période dans une vie : — Chaque pièce de vers de mes livres sera un Ro- man aussi : le roman d’une Heure, d’une Minute, d’un Moment psychologique et physiologique, — avec le Mi- lieu, cadre du FAIT : un FAIT qui signifiera quelque chose.

Dans le rendu de l’Heure, de la Minute, ou du Mo- ment, j’essaierai de donner l’impression du Milieu sur le Corps, du Corps sur l’Ame : je ne comprends pas le Corps sans le milieu ; l’Ame sans le Corps, c’est- à-dire, l’Idée sans la Sensation : — « nihil in intellectu quod non prius in sensu. »

Je ne crois pas amoindrir ainsi la poésie : nous avions la poésie de l’Ame, de l’Idée, sans Milieu ou en des Milieux imaginés : nous aurons en plus la poésie du Sang, et la poésie des milieux modernes, en les villes et les prés.....