Page:Ghil - La Tradition de poésie scientifique, 1920.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 15 —

Nous avons dit qu’ainsi parlant, l’illustre mathématicien a loué l’esprit véritable de la « Poésie-scientifique » : ce n’est pourtant point son exacte pensée, — car en nommant Poésie philosophique, la Poésie dont il vient de déterminer et d’exalter les mérites, il va ensuite en voir l’existence en dehors de la Poésie-scientifique proprement dite… C’est précisément que lui-même, non assez documenté sur les immédiats travaux poétiques de son temps, et d’ailleurs troublé sur le vrai sens à donner à la poésie de Sully-Prudhomme, — donne au mot « Poésie-scientifique » une incomplète, une restrictive, une erronée détermination. Vraiment en contradiction avec lui-même, il ne verra pas à l’instant, que la matière philosophique est composante de la Poésie-scientifique, de la poésie à laquelle « la science permet de connaître » : la pensée philosophique en est le chant suprême et synthétique, — tandis qu’en même temps elle doit être à travers toute l’Œuvre le concept conscient, ordonnateur et préconçu par le poète qui a connu par la science, selon quoi la Vie s’harmonise en un ordre supérieur et s’émeut universellement.