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l’Idée, pour le Poète-scientifique, ne doit pas et ne peut pas se produire et s’exprimer comme pour le Savant. D’ailleurs, nous venons d’écrire : Idée émotive.

C’est que l’Idée, toute idée, doit, dans l’Œuvre, s’accompagner du processus sensoriel d’où elle a pris naissance : « Rien dans la conscience, qui ne soit d’abord dans la sensation. » Devant le phénomène universel qu’il éprouve, le poète re-créant le monde pour en exprimer l’harmonie et l’unité conscientes, doit premièrement le re-créer en ses sens, en l’instinct avide, en l’émotion, et le produire comme d’au-dessous de soi-même, des puissances amassées de son Sub-conscient. — Et, cette genèse des idées ainsi qu’accompagnées de leurs harmoniques sensoriels, c’est donc en un Verbe poétique de qualités spéciales et adéquates qu’elle devra s’exprimer. Verbe capable, autant que possible, de toutes les puissances et de toutes les délicatesses de la sensitivité humaine, et qui puisse participer de tous les modes d’art où cette sensitivité s’extériorise particulièrement : Verbe qui les synthétise — pour concourir à la plus