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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

de culte contribuaient également au bonheur de l’empire : des institutions consacrées dans chaque pays par le temps et par l’expérience, leur paraissaient pouvoir seules convenir au climat et aux habitans. Il est vrai que les statues des dieux et les ornemens des temples devenaient souvent la proie de l’avarice et de la cupidité[1] ; [Dans les provinces.]mais les nations vaincues éprouvaient, dans l’exercice de la religion de leurs ancêtres, l’indulgence et même la protection des vainqueurs ; la Gaule seule semble avoir été exceptée de cette tolérance universelle. Sous le prétexte spécieux d’abolir les sacrifices humains, Tibère et Claude détruisirent l’autorité dangereuse des druides[2] ; mais ces prêtres, leurs dieux et leurs autels subsistèrent en paix dans l’obscurité jusqu’à la destruction du paganisme[3].

Rome.

Rome était sans cesse remplie d’étrangers qui se rendaient en foule de toutes les parties du monde dans cette capitale de l’empire[4], et qui tous y introduisaient et y pratiquaient les superstitions de leur patrie[5]. Chaque ville avait le droit de maintenir son ancien culte dans sa pureté : le sénat romain

  1. Voyez le sort de Syracuse, de Tarente, d’Ambracie, de Corinthe, etc., la conduite de Verrès, dans Cicéron (act. II, or. 4,) et la pratique ordinaire des gouverneurs, dans la VIIIe satire de Juvénal.
  2. Suétone, Vie de Claude ; Pline, Hist. nat., XXX, I.
  3. Pelloutier, Hist. des Celtes, tom. VI, p. 230-252.
  4. Sén., Consol. ad Helviam, p. 74, édit. de Juste-Lipse.
  5. Denys d’Halycarnasse, Antiquités romaines, l. II.