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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

paraître odieux. Son caractère et sa politique lui firent adopter des mesures plus sages ; il aima mieux régner sous les titres respectables de l’ancienne magistrature, et rassembler sur sa tête tous les rayons épars de l’autorité civile. Dans cette vue, il permit au sénat de lui donner pour sa vie le consulat[1] et la puissance tribunitienne[2]. Tous les empereurs imitèrent son exemple. Les consuls avaient succédé aux premiers rois de Rome ; ils représentaient la nation, avaient l’inspection sur les cérémonies de la religion, levaient et commandaient les armées, donnaient audience aux ambassadeurs étrangers, et présidaient aux assemblées du sénat et du peuple. L’administration des finances leur était confiée ; et quoiqu’il leur fût rarement possible de rendre la justice en personne, la nation voyait en eux les défenseurs suprêmes des lois, de la paix et de l’équité. Telles étaient leurs fonctions ordinaires ; mais ce premier magistrat se trouvait au-dessus de toute juridiction, dès que le sénat lui enjoignait de veiller à la sûreté de

  1. Cicéron (De Legibus, III, 3) donne à la dignité consulaire le nom de regia potestas ; et Polybe (l. VI, c. 3) observe trois pouvoirs dans la constitution romaine. Le pouvoir monarchique était représenté et exercé par les consuls.
  2. Comme la puissance tribunitienne, différente de l’emploi annuel de tribun, fut inventée pour le dictateur César (Dion, l. XLIV, p. 384), elle lui fut probablement donnée comme une récompense, pour avoir si généreusement assuré par les armes les droits sacrés des tribuns et du peuple. Voyez ses Commentaires, De bell. civil., l. I.