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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

remettre cette lettre avaient ordre d’aborder le César avec respect, de lui demander une audience particulière, et de lui plonger le poignard dans le sein[1]. Le complot fut découvert. Enfin le trop crédule Albinus passa sur le continent, résolu de combattre un rival supérieur qui fondait sur lui à la tête d’une armée invincible, et composée des plus braves vétérans.

Événement des guerres civiles.

Les combats que Sévère eut à livrer ne semblent pas répondre à l’importance de ses conquêtes. Deux actions, l’une près de l’Hellespont, l’autre dans les défilés étroits de la Cilicie[2], décidèrent du sort de Niger ; et les troupes européennes conservèrent leur ascendant ordinaire sur les soldats efféminés de l’Asie[3]. La bataille de Lyon, où l’on vit combattre cent cinquante mille Romains[4], fut également fatale à Clodius-Albinus. D’un côté, le courage de l’armée britannique ; de l’autre, la discipline des légions de la Pannonie, tinrent long-temps la victoire incertaine, et firent plus d’une fois pencher la balance. Sévère même était sur le point de perdre à la

  1. Hist. Aug., p. 84. Spartien, dans sa narration, a inséré en entier cette lettre curieuse.
  2. Il y eut trois actions : l’une près de Cyzique, non loin de l’Hellespont ; la seconde près de Nicée, en Bithynie ; la troisième près d’Issus, en Cilicie, là même où Alexandre avait vaincu Darius. Dion, p. 1247-49 ; Hérod., l. III, c. 2-4. (Note de l’Éditeur.)
  3. Voyez le troisième livre d’Hérodien, et le soixante-quatorzième de Dion-Cassius.
  4. Dion, l. LXXV, p. 1260.