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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

Siége de Byzance.

Il ne faut cependant pas oublier une ville dont les habitans méritent, par leur attachement à l’infortuné Niger, une exception honorable. Comme Byzance servait de principale communication entre l’Europe et l’Asie, on avait eu soin de pourvoir à sa défense par une forte garnison et par une flotte de cinq cents voiles, qui mouillait dans son port[1] : l’impétuosité de Sévère déjoua ce plan de défense si prudemment combiné. Ce prince laisse ses généraux autour des murailles de la place, force le passage moins gardé de l’Hellespont ; et, impatient de voler à des conquêtes plus faciles, il marche au-devant de son rival. Byzance, attaquée par une armée nombreuse et toujours croissante, et enfin par toutes les forces navales de l’empire, soutint un siége de trois ans, et demeura fidèle au nom et à la mémoire de Niger. Les soldats et les citoyens, animés d’une ardeur dont nous ignorons la cause, se battaient en furieux : plusieurs même des principaux officiers de Niger, qui désespéraient d’obtenir leur pardon, ou qui dédaignaient de le demander, s’étaient jetés dans ce dernier asile. Les fortifications passaient pour imprenables : un célèbre ingénieur, renfermé dans la place, avait employé, pour la défendre, toutes les ressources de la mécanique connue aux anciens[2]. Enfin

  1. La plupart de ces vaisseaux étaient, comme on peut bien le penser, de très-petits bâtiments : on voyait cependant dans leur nombre quelques galères de deux et de trois rangs de rames.
  2. Cet ingénieur se nommait Priscus. Le vainqueur lui