Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/346

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la discipline sévère de Macrin, et brûlaient du désir de se venger. Ceux d’entre eux qui se rendaient en foule dans le temple du Soleil, contemplaient avec une satisfaction mêlée de respect, les grâces et la figure charmante du jeune pontife : ils crurent même reconnaître, en le voyant, les traits de Caracalla, dont alors ils adoraient la mémoire. L’artificieuse Mœsa s’aperçut de leur affection naissante, et sut en profiter. Ne rougissant pas de sacrifier la réputation de sa fille à la fortune de son petit-fils, elle fit courir le bruit que Bassianus avait pour père le dernier empereur. Des sommes excessives, distribuées par ses émissaires, détruisirent toute objection ; et la prodigalité prouva suffisamment l’affinité, ou du moins la ressemblance de Bassianus avec Caracalla. [A. D. 218, 16 mai.]Le jeune Antonin (car il prit et souilla ce nom respectable), déclaré empereur par les soldats d’Émèse, résolut de faire valoir les droits de sa naissance, et invita hautement les troupes à suivre les étendards d’un prince généreux qui avait pris les armes pour venger la mort de son père, et délivrer les troupes de l’oppression[1].

  1. Selon Lampride (Hist. Aug., p. 135) Alexandre Sévère vécut vingt-neuf ans trois mois et sept jours. Comme il fut tué le 19 mars 235, il faut fixer sa naissance au 12 décembre 205. Il avait alors treize ans, et son cousin environ dix-sept. Cette supputation convient mieux à l’histoire de ces deux jeunes princes que celle d’Hérodien, qui les fait de trois ans plus jeunes (l. V, p. 181). D’un autre côté, cet auteur allonge de deux années le règne d’Héliogabale. On