Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/384

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chesses avaient été déposées par la nature ou amassées par l’homme. Auguste reçut une requête des habitans de Gyare, qui le suppliaient humblement de les exempter d’un tiers de leurs excessives impositions. Toute leur taxe ne se montait qu’à cent cinquante drachmes environ cinq livres sterl. ; mais Gyare était une petite île, ou plutôt un roc baigné par les flots de la mer Egée, où l’on ne trouvait ni eau fraîche, ni aucune des nécessités de la vie, et qui servait de retraite à un petit nombre de malheureux pêcheurs[1].

Montant du revenu.

Éclairés par la faible lumière de ces rayons épars et incertains, nous serions portés à croire, 1o. qu’en admettant tous les changemens occasionnés par les temps et par les circonstances, le revenu général des provinces romaines montait rarement à moins de quinze à trente millions sterl.[2] ; 2o. que cette

  1. Strabon, l. X, p. 485 ; Tacite, Annal., III, 69, et IV, 30. Voyez dans Tournefort (Voyage au Levant, lettre VIII) une vive peinture de la misère où se trouvait alors Gyare.
  2. Juste-Lipse (De Magnitudine romanâ, l. II, c. 3) fait monter le revenu à cent cinquante millions d’écus d’or ; mais tout son ouvrage, quoique ingénieux et rempli d’érudition, est le fruit d’une imagination très-échauffée (*).
    (*) Si Juste-Lipse a exagéré le revenu de l’Empire romain, Gibbon, d’autre part, l’a trop diminué. Il le fixe environ de quinze à vingt millions sterl. (de trois cent soixante à quatre cent quatre-vingt millions de francs) ; mais si l’on prend seulement, d’après un calcul modéré, les impôts des provinces qu’il a déjà citées, ils se montent à peu près à cette somme, eu égard aux augmentations qu’y ajouta Auguste : il reste encore les provinces de l’Italie, de la Rhétie, de la Norique, de la Pannonie, de la Grèce, etc. etc. ; qu’on fasse attention, de plus,