Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/402

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qui se plaisaient à donner à leur héros favori les noms d’Ajax et d’Hercule ; et s’il n’eût point conservé dans ses manières une teinte trop forte de son origine sauvage, peut-être l’empereur aurait-il accordé sa sœur en mariage au fils d’un paysan de la Thrace[1].

Conspiration de Maximin.

Ces faveurs, loin d’inspirer à Maximin la fidélité qu’il devait à un maître bienfaisant, ne servirent qu’à enflammer son ambition. Il ne croyait pas sa fortune proportionnée à son mérite, tant qu’il serait obligé de reconnaître un supérieur. Quoique la sagesse ne le guidât jamais, il n’était pas dépourvu, sur ses intérêts, d’une sorte d’adresse qui lui fit découvrir le mécontentement de l’armée, et qui lui donna les moyens d’en profiter pour s’élever sur les ruines de l’empereur. Il est aisé à la faction et à la calomnie de lancer des traits empoisonnés sur la conduite des meilleurs princes, et de défigurer même leurs vertus, en les confondant avec leurs défauts, auxquels elles tiennent de si près. Les troupes écoutèrent avec plaisir les émissaires de Maximin, et elles rougirent de leur patience, qui, depuis treize ans, les retenait honteusement dans les liens d’une discipline pénible, établie par un Syrien efféminé qui rampait lâchement aux pieds de sa mère et du sénat. « Il est temps, s’écriaient-elles, d’abattre ce vain fantôme de l’auto-

    de soin ses exploits, et les différens grades par lesquels il passa.

  1. Voyez la lettre originale d’Alexandre Sévère, Hist. Aug., p. 149.