Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/420

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à la rencontre de l’ennemi public, ou d’attendre avec soumission les tourmens cruels et la mort ignominieuse destinés à des rebelles malheureux. « Nous avons perdu, continua-t-il, deux excellens princes ; mais, à moins que nous ne trahissions notre propre cause, les espérances de la république n’ont point péri avec les Gordiens. J’aperçois ici un grand nombre de sénateurs dignes, par leurs vertus, de monter sur le trône, et capables, par leurs qualités éminentes, d’en soutenir la majesté. Élisons deux empereurs, dont l’un soit chargé de la guerre contre le tyran, tandis que l’autre restera dans Rome pour diriger l’administration civile. Je brave volontiers l’envie, et, sans craindre de m’exposer au danger d’une élection, je donne ma voix en faveur de Maxime et de Balbin. Ratifiez mon choix, pères conscrits, ou couronnez d’autres citoyens plus dignes de l’empire. » L’appréhension générale imposa silence aux murmures de la jalousie ; le mérite des deux candidats était universellement reconnu. Toute l’assemblée retentit d’acclamations sincères, et l’on entendit de tous côtés : « Victoire et longue vie aux empereurs Maxime et Balbin ! Vous êtes heureux au jugement du sénat ; puisse la république être heureuse sous votre administration[1] ! »

Leur caractère.

Rome fondait, avec justice, les plus belles espé-

  1. Voyez l’Histoire Auguste, p. 166, d’après les registres du sénat : la date est évidemment fausse ; mais il est facile de rectifier cette erreur, en faisant attention que l’on célébrait alors les jeux apollinaires.