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les Germains, l’austérité de ses mœurs et l’impartialité de ses jugemens, lorsqu’il était préfet de la ville, lui avaient concilié l’estime des citoyens, dont l’aimable Balbin possédait toute l’affection. Ces deux collègues avaient été consuls ; Balbin même avait joui deux fois de cette honorable dignité : tous les deux avaient été nommés parmi les vingt lieutenans du sénat ; et comme l’un était âgé de soixante ans, l’autre de soixante-quatorze[1], ils étaient parvenus à cette maturité que donnent l’âge et l’expérience.

Tumulte à Rome. Le plus jeune des Gordiens est nommé César.

Lorsque le sénat leur eut conféré les puissances consulaire et tribunitienne, le titre de pères de la patrie et la dignité de grand pontife, Maxime et Balbin montèrent au Capitole pour rendre des actions de grâces aux dieux tutélaires de Rome[2]. La solennité des sacrifices fut troublée par un soulèvement du peuple. La sévérité de Maxime déplaisait à cette multitude licencieuse ; la douceur, l’humanité de Balbin, ne lui en imposaient point assez. Bientôt la foule s’augmente, et les mutins entourent le temple de Jupiter, en frappant l’air de leurs cris : ils réclament, comme

  1. Zonare, l. XII, p. 622 ; mais peut-on s’en rapporter à l’autorité d’un Grec moderne si peu instruit de l’histoire du troisième siècle, qu’il crée plusieurs empereurs imaginaires, et qu’il confond les princes qui ont réellement existé ?
  2. Hérodien, l. VII, p. 256, suppose que le sénat fut d’abord convoqué dans le Capitole, et s’exprime à ce sujet avec beaucoup d’éloquence : l’Histoire Auguste, page 116, semble beaucoup plus authentique.