Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/431

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sentimens qui distinguent un homme civilisé, et même un être raisonnable. Selon le portrait qui nous en est resté, son corps était parfaitement assorti à l’âme qui l’animait. La taille de Maximin excédait huit pieds ; et l’on rapporte des exemples presque incroyables de sa force et de son appétit extraordinaires[1]. S’il eût vécu dans un siècle moins éclairé, la fable et la poésie auraient pu le représenter comme l’un de ces énormes géans, qui, revêtus d’un pouvoir surnaturel, livraient au genre humain une guerre perpétuelle.

Joie de l’univers romain.

Il est plus aisé de concevoir que de décrire la joie universelle qui éclata dans tout l’empire à la chute du tyran. On assure que la nouvelle de sa mort parvint en quatre jours d’Aquilée à Rome. Le retour de Maxime fut un triomphe. Son collègue et le jeune Gordien allèrent au-devant de lui ; et les trois princes entrèrent dans la capitale, accompagnés des ambassadeurs de presque toutes les villes d’Italie, comblés des présens magnifiques de la reconnaissance et

  1. Huit pieds romains et un tiers (*). Voyez le Traité de Greaves sur le pied romain. Maximin pouvait boire dans un jour une amphora, environ vingt-cinq pintes de vin, et manger trente ou quarante livres de viande. Il pouvait traîner une charrette chargée, casser d’un coup de poing la jambe d’un cheval, écraser des pierres dans ses mains, et déraciner de petits arbres. Voy. sa vie, dans l’Hist. Auguste.
    (*) Sept pieds trois pouces de Paris. Le pied romain, d’après Barthélémy et Jacquier, vaut 10 pouces 9 lignes = 0,2926 de mètre. (Note de l’Éditeur.)