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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. i.

nord ; l’Euphrate à l’orient ; et vers le midi, les sables brûlans de l’Arabie et de l’Afrique[1].

Imité par ses successeurs.

Heureusement pour le genre humain, le système conçu par la modération d’Auguste se trouva convenir aux vices et à la lâcheté de ses successeurs. Les premiers Césars, dominés par l’attrait du plaisir, ou occupés de l’exercice de la tyrannie, se montraient rarement aux provinces et à la tête des armées. Ils n’étaient pas non plus disposés à souffrir que leurs lieutenans usurpassent sur eux, par les talens et la valeur, cette gloire que négligeait leur indolence. La réputation militaire d’un sujet devint un attentat insolent à la dignité impériale. Les généraux se contentaient de garder les frontières qui leur avaient été confiées : leur devoir et leur intérêt leur défendaient également d’aspirer à des conquêtes qui ne leur auraient peut-être pas été moins fatales qu’aux nations vaincues[2].

Première exception. Conquête de la Bretagne.

La Bretagne fut la seule province que les Romains ajoutèrent à leurs domaines durant le premier siècle de notre ère. Dans cette unique occasion les empe-

  1. Tacite, Annal. l. II ; Dion Cassius (l. LVI, p. 833), et le discours d’Auguste lui-même dans les Césars de Julien. Ce dernier ouvrage a reçu beaucoup de clarté des savantes notes de son traducteur français, M. Spanheim.
  2. Germanicus, Suétonius-Paulinus et Agricola furent traversés et rappelés dans le cours de leurs victoires. Corbulon fut mis à mort. Le mérite militaire, comme l’exprime admirablement Tacite, était, dans toute la rigueur de l’expression, imperatoria virtus.