Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/466

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suivi la décadence de l’empire, et les ruines de Rome, les murs de boue, les maisons de bois, et l’étroite enceinte de Paris et de Londres ne donnaient aux Latins aucune idée qui pût les préparer à l’aspect de Constantinople, à sa situation et à son étendue, à la magnificence de ses palais, de ses églises, et des arts ou du luxe de ses innombrables habitans. Ses trésors pouvaient exciter l’avidité des Persans, des Bulgares, des Arabes et des Russes ; mais sa force avait toujours repoussé et promettait de repousser encore leurs audacieuses attaques. Les provinces étaient moins heureuses et plus aisées à conquérir, et on citait peu de cantons et peu de villes qui n’eussent pas été saccagées par les Barbares, d’autant plus avides de butin, qu’ils n’avaient aucune espérance de s’établir dans les contrées où ils faisaient des incursions. Depuis le règne de Justinien, l’empire d’Orient perdit chaque jour de son premier éclat ; la force qui détruisait était plus puissante que la force qui tendait à perfectionner, et les calamités de la guerre étaient aggravées par les maux plus durables qui résultaient de la tyrannie civile et de la tyrannie ecclésiastique. Le captif échappé aux Barbares était souvent dépouillé et emprisonné par les agens de son souverain. La superstition des Grecs amollissait leur esprit par l’usage de la prière, et affaiblissait leur corps par l’excès du jeûne ; la multitude des couvens et celle des fêtes privaient la nation d’un grand nombre de bras et de journées de travail. Toutefois les sujets de l’empire de Byzance