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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/146

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curiosité du lecteur. [École de Salerne.]1o. Une école de jurisprudence suppose des lois et des propriétés, et une religion bien claire où l’évidence de la raison peut faire négliger la théologie ; mais à toutes les époques de la civilisation, les hommes ont besoin du secours de la médecine ; et si le luxe rend les maladies aiguës plus fréquentes, l’état de barbarie multiplie le nombre des contusions et des blessures. Les trésors de la médecine des Grecs s’étaient répandus parmi les colonies arabes de l’Afrique, de l’Espagne et de la Sicile : au milieu des communications de la paix et de la guerre, une étincelle de savoir avait paru et s’était maintenue à Salerne, ville recommandable par l’honnêteté des hommes et la beauté des femmes[1]. Une école, la première qu’on ait vue s’élever au milieu des ténèbres de l’Europe, s’y consacrait à l’art de guérir ; les moines et les évêques s’accommodèrent de cette profession salutaire et lucrative, et des malades sans nombre, du rang le plus élevé et des pays les plus éloignés, appelèrent ou allèrent chercher les médecins de Salerne. Les vainqueurs normands protégèrent cette école ; et Guiscard, bien qu’élevé dans le métier des armes, savait discerner le mérite et la valeur d’un philosophe. Après trente-neuf ans de voyages, Constantin, chrétien d’Afrique,

  1. Urbs Latii non est hâc delitiosior urbe,
    Frugibus, arboribus vinoque redundat ; et unde
    Non tibi poma, nuces, non pulchra palatia desunt,
    Non species muliebris, abest probitasque virorum.

        Guglielmus Appulus, l. III, p. 267.