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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/156

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servi dans le palais. L’adroit Guiscard avait imaginé cette fourberie : il comptait qu’après avoir donné ainsi une apparence de justice à ses armes, le faux, empereur rentrerait, au premier signe, dans l’état obscur d’où il venait de le tirer ; mais on ne pouvait déterminer la croyance des Grecs que par la victoire, et l’ardeur des Latins n’égalait pas leur crédulité : les soldats normands voulaient jouir en paix du fruit de leurs travaux, et la lâcheté des Italiens frémissait de la seule idée des périls connus et inconnus d’une expédition au-delà de la mer. Robert employa, sur ces nouvelles levées, le pouvoir des présens et des promesses, les menaces de l’autorité civile et de l’autorité ecclésiastique ; et quelques actes de violence ont donné lieu au reproche qui lui fut fait d’avoir enrôlé, sans distinction et sans pitié, des vieillards et des enfans. Après deux années employées sans relâche en préparatifs, l’armée de terre et les forces navales s’assemblèrent à Otrante, dernier promontoire de l’Italie, situé à l’extrémité du talon de la botte ; Robert s’y rendit accompagné de sa femme, qui combattit à ses côtés, de son fils Bohémond et de l’imposteur qu’on donnait pour l’empereur Michel. Treize cents chevaliers[1] nor-

  1. Ipse armatæ militiæ non plusquam MCCC milites secum habuisse, ab eis qui eidem negotio interfuerunt attestatur. (Malaterra, l. III, c. 24, p. 583). Ce sont les mêmes que l’Apulien (l. IV, p. 273) appelle equestris gens ducis, équites de gente ducis.