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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/200

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patriotes sur la mer de Marmara ou la Propontide, sur les bords du Strymon et sous les murs de Durazzo. Une révolution qui punit les crimes d’Andronic, réunit contre les Français le zèle et le courage des Grecs ; les Normands laissèrent dix mille morts sur le champ de bataille, et Isaac l’Ange, le nouvel empereur, eut à disposer de quatre mille captifs, selon qu’en voulut ordonner sa vanité ou sa vengeance. Telle fut l’issue de la dernière guerre des Grecs et des Normands : vingt années après, les nations rivales avaient disparu ou gémissaient sous un joug étranger, et les successeurs de Constantin ne subsistèrent pas assez long-temps pour insulter à la chute de la monarchie de Sicile.

Guillaume Ier surnommé le Mauvais, roi de Sicile. A. D. 1154. Février 26. A. D. 1166. Mai 7.

Le sceptre de Roger passa successivement à son fils et son petit-fils, tous deux connus sous le nom de Guillaume, mais distingués par les surnoms opposés de Mauvais et de Bon. Cependant ces deux épithètes, qui semblent indiquer les deux extrêmes du vice et de la vertu, ne conviennent pas exactement aux deux princes dont on vient de parler. Lorsque le danger et la honte forcèrent le premier de recourir aux armes, il ne dégénéra point de la valeur de sa race ; mais son caractère était mou, ses mœurs étaient dissolues, ses passions opiniâtres et funestes, et il doit répondre à la postérité, non-seulement de ses vices personnels, mais de ceux de Majo, son grand-amiral, qui abusa de la confiance de son bienfaiteur, et qui conspira contre ses jours. La Sicile avait, depuis la conquête des Arabes, une