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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/202

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sins, l’emprisonnement et la délivrance du roi lui-même, les guerres particulières qu’entraînèrent les désordres de l’état, et les scènes de calamité et de discorde qui affligèrent la capitale, l’île entière et le continent, sous le règne de Guillaume Ier et la minorité de son fils. [Guillaume II, surnommé le Bon. A. D. 1166. Mai 7. A. D. 1189. Novemb. 16.]La jeunesse, l’innocence et la beauté de Guillaume II[1] le rendirent cher à la nation ; les factions se réconcilièrent ; les lois reprirent de la vigueur, et depuis l’âge de virilité jusqu’à la mort prématurée de cet aimable prince, la Sicile jouit d’un court intervalle de paix, de justice et de bonheur dont elle sentit d’autant mieux le prix, qu’elle se souvenait de ses malheurs passés et redoutait l’avenir. La postérité mâle légitime de Tancrède de Hauteville s’éteignit à la mort de Guillaume II ; mais sa tante, fille de Roger, avait épousé le prince le plus puissant de son siècle ; et Henri VI, fils de Frédéric Barberousse, descendit des Alpes pour réclamer la couronne impériale et la succession de sa femme. Repoussé par le vœu unanime d’un peuple libre, il ne put obtenir cet héritage que par la force. C’est avec plaisir que je vais transcrire les pensées et les

  1. Falcando, p. 303. Richard de Saint-Germain commence son Histoire par la mort et l’éloge de Guillaume II. Après quelques épithètes qui ne signifient rien, il ajoute : Legis et justitiæ cultus tempore suo vigebat in regno : suâ erat quilibet sorte contentus (était-ce des hommes ?), ubique pax., ubique securitas, nec latronum metuebat viator insidias nec maris nauta offendicula piratarum (Script. rer. ital., t. VII, p. 969).