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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/215

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biers et cinq cents danseuses distinguées par leur naissance ou leur beauté. De trois côtés ce temple était défendu par l’Océan ; un précipice, soit naturel, soit creusé par la main des hommes, fermait l’entrée de l’étroite langue de terre sur laquelle il se trouvait situé, et une nation de fanatiques remplissait la ville et les environs. Les ministres et les dévots déclarèrent que Kinnoge et Delhy avaient été justement punies ; mais que l’impie Mahmoud serait sûrement écrasé par les foudres du ciel s’il osait approcher du temple de Sumnat. Excité par le défi, le zèle religieux du sultan le porta à essayer ses forces contre celles de la divinité indienne. Cinquante mille de ses adorateurs tombèrent sous le fer des musulmans ; les murs furent escaladés, le sanctuaire fut profané, et le vainqueur frappa de sa massue de fer la tête de l’idole. Les bramines effrayés offrirent, dit-on, dix millions sterling pour sa rançon. Les plus sages des courtisans de Mahmoud lui firent observer que la destruction d’une statue de pierre ne changerait pas les cœurs des Gentoux, et qu’une si grande somme pourrait être employée au soulagement des fidèles. « Vos raisons, répondit le sultan, sont spécieuses et fortes, mais jamais Mahmoud ne consentira à se montrer aux regards de la postérité comme un marchand d’idoles. » Il redoubla ses coups, et un amas de perles et de rubis, cachés dans le ventre de la statue, expliqua en quelque sorte la dévote prodigalité des brames. Les débris de l’idole furent envoyés à Gazna, à la Mecque et à Médine. Bagdad écouta avec inté-