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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/221

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armées, intimidaient leurs sujets et leurs rivaux, et protégeaient la frontière contre les naturels plus sauvages du Turkestan : Mahmoud le Gaznevide abusa de cette politique plus qu’on ne l’avait fait encore ; il fut averti de son imprudence par un chef de la race de Seljouk, qui habitait le territoire de Bochara. Le sultan lui demandait combien il pourrait fournir de soldats : « Si vous envoyez un de ces traits dans notre camp, répondit Ismaël, cinquante mille de vos serviteurs monteront à cheval. — Et si ce nombre, continua Mahmoud, ne suffisait pas ? — Envoyez, répliqua Ismaël, ce second trait à la horde de Balik, et vous aurez cinquante mille guerriers de plus. Mais, ajouta le Gaznevide, dissimulant ses inquiétudes, si j’avais besoin de toutes les forces de vos tribus alliées ? — Alors, dit Ismaël, vous enverrez mon arc ; il circulera parmi les tribus, et deux cent mille cavaliers obéiront à cet ordre. » Mahmoud, effrayé d’une amitié si redoutable, fit conduire les tribus les plus dangereuses dans l’intérieur du Khorasan, où elles se trouvèrent séparées de leurs compatriotes par l’Oxus ; et il eut soin de former cet établissement de manière que des villes soumises l’environnassent de toutes parts. Mais l’aspect de la contrée tenta plus qu’il n’épouvanta la nouvelle colonie, et l’absence, et ensuite la mort de Mahmoud, affaiblirent la vigueur de l’administration. Les pasteurs devinrent des brigands : ces bandes de brigands formèrent une armée de conquérans ; ils ravagèrent la Perse jusqu’à la ville d’Ispahan, et au fleuve du Tigre ;