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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/226

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les tentes de leurs ancêtres ; et ces colonies militaires, protégées par le prince, se répandirent de l’Oxus à l’Euphrate. Mais les Turcs de la cour et de la ville se policèrent par les affaires, et s’amollirent par les plaisirs ; ils prirent l’habit, la langue et les mœurs de la Perse, et les palais de Nisabour et de Rey étalèrent l’ordre et la magnificence d’une grande monarchie. Les plus dignes d’entre les Arabes et les Persans parvinrent aux honneurs de l’état, et le corps entier de la nation des Turcs embrassa avec ferveur et sincérité la religion de Mahomet. Ce sont les résultats d’une conduite semblable qui ont établi, entre les essaims des Barbares du Nord qui couvrirent l’Europe et ceux qui couvrirent l’Asie, cette irréconciliable inimitié qui les sépare. Parmi les musulmans, ainsi que parmi les chrétiens, des traditions indéterminées et locales ont cédé à la raison et à l’autorité du système dominant, à une antique réputation, et au consentement général des peuples ; mais le triomphe du Koran est d’autant plus pur, que son culte n’avait rien de cette pompe extérieure qui pouvait séduire les païens, par une sorte de ressemblance avec l’idolâtrie. Le premier des sultans Seljoucides se distingua par son zèle et sa foi : il faisait chaque

    Turcs et des Turcomans, qui du moins est populaire et commode. Les noms sont les mêmes, et la syllabe man a la même valeur dans l’idiome de la Perse et dans la langue teutonique. Peu de critiques adopteront l’étymologie de Jacques de Vitry (Hist. Hierosol., l. I, c. 11, p. 1061), qui dit que Turcomani signifie Turci, et Comani, un peuple mêlé.