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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/284

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Justice des croisades.

La pratique de la violence est si familière aux hommes, qu’on pourrait supposer qu’elle leur est naturelle. Le plus léger prétexte, le droit le plus suspect, nous paraissent un motif suffisant pour armer deux nations l’une contre l’autre ; mais le nom et la nature d’une guerre sainte exigent un examen plus rigoureux, et nous ne devons pas croire légèrement que les serviteurs d’un prince de paix aient tiré de son fourreau le glaive de destruction sans des motifs respectables, un droit légitime et une nécessité indispensable. On s’éclaire sur la politique bonne ou mauvaise d’une action par la leçon tardive de l’expérience ; mais avant d’agir, il faut au moins que la conscience approuve le but et le motif de l’entreprise. Dans le siècle des croisades, les chrétiens de l’Orient et de l’Occident étaient fortement persuadés de la justice et du mérite de leur expédition ; leurs argumens se trouvent sans cesse obscurcis par un abus continuel de l’Écriture et des figures de la rhétorique : mais ils paraissent insister particulièrement sur le droit naturel et sacré de défendre leur religion, sur leurs titres particuliers à la possession de la Terre-Sainte, et sur l’impiété de leurs ennemis, soit mahométans ou païens[1]. 1o. Le droit d’une juste défense comprend

    en sept livres (p. 890-912) est fort suspecte et très-peu instructive.

  1. Si le lecteur veut examiner la première scène de la première partie de Henri IV, il trouvera dans le texte de Shakespeare les élans naturels de l’enthousiasme, et dans les