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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/287

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de s’autoriser de maximes plus générales et plus flexibles. On a supposé souvent et affirmé, dans plusieurs occasions, que la différence de doctrine religieuse suffit pour justifier des hostilités ; que les champions de la croix peuvent subjuguer saintement, ou même immoler pieusement tous les mécréans opiniâtres, et que la grâce est l’unique source du pouvoir dans ce monde et du bonheur dans l’autre. Plus de quatre siècles avant la première croisade, les Barbares de l’Arabie et de la Germanie avaient envahi, à peu près vers la même époque et de la même manière, les provinces orientales et occidentales de l’Empire romain. Les conquêtes des Francs furent légitimées par le temps, par des traités et par leur conversion au christianisme ; mais les princes mahométans passaient encore, aux yeux de leurs sujets et de leurs voisins, pour des usurpateurs tyranniques auxquels, soit par la guerre ou la révolte, on pouvait légitimement ravir une possession illégitime[1].

Motifs spirituels et indulgences.

À mesure que les mœurs des chrétiens se corrompirent, leur discipline de pénitence augmenta de sévérité[2], et le grand nombre des péchés entraîna

  1. Le sixième discours de Fleury sur l’Hist. ecclésiast. (p. 223-261) contient un examen raisonné de la cause et des effets des Croisades.
  2. Muratori (Antiq. ital. medii ævi, t. V, Dissert. 68, p. 709-768) et M. Chais (Lettres sur les jubilés et sur les indulgences, t. II, Lettres 21 et 22, p. 478-556) discutent